samedi 28 mars 2009

Conversations de voyageurs

1. Où emmener ses vêtements à laver ? Ou plutôt, où les emmener pour qu'ils ressortent effectivement propres. Martina et ses mille histoires de fringues impossibles à faire laver en Bolivie : ressorties dans le même état, agrémentées simplement de nouvelles taches blanches, savon séché. Amanda, qui travaille dans la mode et commence tout juste son tour du monde avec Cathal, nous lance des regards de plus en plus terrifiés : elle tient à ses habits comme à la prunelle de ses yeux... Aimee en rajoute une couche en racontant comment après cinq mois elle a commencé à repriser ses t-shirts, shorts ou jupes, complètement usés par les voyages et les laveries peu scrupuleuses de Colombie.

2. Aimee : « After Bolivia, believe me, your bowels will never be the same again. » Ici, on parle de diarrhée comme à la maison on discuterait travail : « Alors, c'était comment aujourd'hui ? » Amanda justement vient d'aller faire un tour à l'hôpital allemand de Buenos Aires, condamnée à boire du Gatorade et manger des crackers pendant deux jours.

3. Sujet essentiel en Amérique latine : la drogue. J'avoue, je me suis sentie incroyablement naïve et déconnectée de la réalité. Mes amis irlandais me racontent leurs trips à l'extasy, apparemment devenue monnaie courante à Dublin, anodine, dirait-ils presque. Nous sommes installés au bar de l'auberge, nous avons partagé notre dîner et buvons tranquillement une bouteille de vin argentin. Et peu à peu, je découvre que les uns et les autres ici carburent à la cocaïne. Thomas, baroudeur polonais qui a tout vu, tout parcouru et tout essayé, était devenu la figure phare de l'auberge. Un soir, tous sont sortis en club. Thomas et l'un des Colombiens sont partis chercher de la coke. Revenus en moins de cinq minutes. A Buenos Aires, la chose semble des plus simples. Au moment de repartir en Europe, il a laissé un gramme à Amanda en cadeau. Elle dit ne pas vouloir essayer. Je sens Cathal moins catégorique. Ce qu'ils en ont fait, je ne le sais pas.
A Córdoba, autre style : un soir, nous sommes tous assis dans le patio. Le Tango Hostel est en effervescence : ceux qui s'en occupent reçoivent un immense groupe de leurs amis. L'un d'entre eux s'avance vers nous, nous tend une feuille et nous propose de but en blanc une séance d'hallucinations collectives au « te mezcal ». Sur la feuille est expliqué le rituel, les vertus de la boisson, l'absence de danger – il est tout de même précisé qu'il faut apporter des vêtements de rechange, les plus amples possibles, et que les personnes anxieuses devraient s'abstenir. Sans parler des cardiaques. Personne n'a suivi.

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