lundi 15 mars 2010

Jamais là...

Pour le moment, pas le temps, pas le temps, pas le temps...
Alors la plupart des nouvelles, celles sur lesquelles j'ai le temps d'écrire un bout, sont sur BookTravellers, par ici.

mardi 26 janvier 2010

Jeunesse décadente

Je suis installée à la table d'un café, mon gros livre de logistique largement étalé sur la table. J'ai commencé ce matin, mais le besoin d'un petit remontant se fait sentir. Et la pause de cinq minutes accompagnée d'un petit tour à l'air frais étaient bien nécessaires. Café donc, la pause / non-pause traditionnelle de mon emploi du temps. Changement de décor, mais permanence de l'activité, logistique donc.
Presque deux heures plus tard, je commence à plier mes affaires. Et le monsieur d'à côté, la cinquantaine, cheveux longs, chapeau de Crocodile Dundee, affairé sur son ordinateur portable, me lance sans même vraiment me regarder : "And that's all the studying you're going to do today..." sur un ton désabusé, comme s'il constatait toujours et encore la déchéance absolue de notre jeunesse d'aujourd'hui.
Eh, tu m'as bien regardée ?

vendredi 22 janvier 2010

Pour Haïti

Cet après-midi, j'ai passé mon baptême de call center. Cinq heures dans une grande salle pleine de petits cubes. La mission : recueillir les dons pour les équipes de la Croix-Rouge en Haïti. Après un petit cafouillage de départ qui nous fit attendre deux heures que nos lignes soient ouvertes, les appels se sont enchaînés, enchaînés, enchaînés... Et bien sûr, obstacle majeur, puisque j'étais en mission francophone, les accents... Le mien, le leur.

"Téléthon Ensemble pour Haïti, bonsoir..."
- Ah oui bonjour, j'voudrais donner pour Haïti. Cin' dollars s'il vous plaît.
- Cent dollars, oui monsieur.
- Nan !!! J'ai dit cin' dollars pas cent !
- Oh excusez-moi ! Cinque dollars donc. Vous souhaitez payer par carte Visa ou Mastercard?
- En espèces !
- Je suis vraiment désolée, mais je ne peux accepter des paiements que par carte de cré..
- Oh c'est pas possible, hein !
Bip bip bip...

A peine le temps d'avaler ma salive entre deux appels ("vas y, gloups, c'est le moment"), certains ont la voix qui tremblent, d'autres me parlent de leurs petits-enfants qui ne peuvent pas se rendre compte. Deux vieilles soeurs qui vivent ensemble, "attendez mademoiselle, attendez... Je vous passe ma soeur, d'accord...". Beaucoup de personnes âgées qui ont du mal à m'entendre : j'appuie le demi-casque contre mon oreille, je rapproche le micro, je lève la voix. Tous autour de moi dans la salle font de même. C'est un brouhaha impossible, tout le monde se met à crier pour surmonter la voix du voisin, anglophone ou francophone. Beaucoup de questions : comment paraîner un enfant, dans combien de temps les fonds arriveront-ils, les compagnies de carte de crédit prélèvent-elles leurs parts, qui sommes-nous exactement?
Le Québec est touché au plus profond. A la fin, j'ai honte de me sentir si épuisée. Que les dons continuent...

Le lien pour la Croix Rouge...

mercredi 6 janvier 2010

Ô ronfleurs bienheureux

Et même le voisin de l'autre côté du mur a entrepris de me narguer... Il ronfle bienheureusement. Deux heures du matin passées, yeux grands ouverts, je médite l'achat d'une lampe frontale pour lire tranquillement au lit, aux petites heures de la nuit. Pas sommeil. Le soir du moins. Car en journée, j'en sens immédiatement les effets. Des semaines que cela dure. Au choix, deux formules s'offrent à moi : 1. Comme ce soir, je ne m'endors pas. Tout simplement, ai-je envie d'écrire, si c'était effectivement si simple... 2. Je m'assoupis presque aussitôt couchée, mais voilà que sur le matin, dès quatre heures généralement, mon cerveau se lance dans une activité onirique tout inédite. Jamais je n'ai autant rêvé. Songes entrecoupés de demi-réveils, me voilà immédiatement repartie dans une histoire rocambolesque. Au matin, épuisée, je ne garde que des images, parfois un sourire à la pensée d'une péripétie absurde (faire l'ascension du Mont Blanc en tongs; gravir un magnifique château-fort couvert de mousse à l'aide de mes petits doigts...).
Deux heures quinze précisément. A sept heures vingt, le réveil sonnera. Radio-Canada pendant dix secondes, avant qu'une main ensuquée ne cogne violemment le réveil pour faire taire tout ce beau monde. Demain, mercredi, c'est yoga. Yoga tôt. A huit heures trente. Et je ressens déjà toute la souffrance du lever.
Allez, ma tête, allez, mon corps. Dodo. J'ai les yeux grands ouverts et dans le noir je regarde le plafond. A ma gauche, ça dort. A ma droite, de l'autre côté du mur, ça ronfle toujours. C'est dégueulasse.

mercredi 18 novembre 2009

Faites votre choix - ah non, pas besoin

Ce qui est bien à Vancouver, c'est qu'on peut manger de tout, partout. Vraiment.

mardi 17 novembre 2009

H1N1 mon amour

J'aurais dû m'en douter... Le régime alimentaire de ces dernières semaines - à base de pommes, céréales et pain - accompagné d'un manque de sommeil certain et de quelques bouffées d'angoisses en grande partie résolues maintenant, n'était pas tout à fait de taille à me protéger des attaques sournoises de la grippe. L'amie grippe A (que l'on préfère ici appeler par son nom complet) fait la une de tous les journaux et reste le top 1 des conversations dans la rue. Bien sûr, c'est le cas un peu partout ces temps-ci, et quelques coups d'oeils énervés aux sites Internet du Monde et de Libé me le confirment. Cela dit, il est vrai que la situation au Canada, et plus encore en Colombie Britanique, est sans commune mesure avec la France. L'épidémie est là, et bien là. Quant aux Etats-Unis n'en parlons pas, j'entendais l'autre jour que 400 enfants en sont morts ces derniers mois. Toujours est-il que jusqu'ici, la paranoïa ambiante m'énervait passablement et j'ai joyeusement pris part à quelques débats sur le thème : mais non, arrêtons tout ce délire, c'est un nouveau virus et puis basta.
Et voilà que je me réveille jeudi matin avec un mal à la gorge certain. Je sors prendre le bus, et mes jambes commencent à me faire défaut. Mais qu'est-ce ? je frissonne ? j'ai mal partout ? et voilà. Au pieu. Il a tout de même bien fallu que je m'en sorte pour aller passer mon dernier exam de maths jeudi soir, dans un brouillard fiévreux. Vendredi matin, ma radio se met en marche, le dernier nombre de morts de la grippe en BC est annoncé et longuement discuté. Brusquement, ça ne m'indigne plus tant que ça, je tends une oreille inquiète. En me couchant le soir, j'appelle R. : "tu gardes ton téléphone à côté de toi cette nuit, hein ? Au cas où j'aie un problème, il faut que je puisse appeler quelqu'un ! Veux pas mourir toute seule sur la Vingtième Avenue !"
Et c'est moi maintenant que les gens regardent de travers dans la rue. Si je tousse brièvement, si j'ai le cran de me moucher en public, voilà des regards acérés, des coups d'oeil en coin, et une désapprobation muette : "Nous contamine pas, toi ! Rentre chez toi !" A la fac, même son de cloche : "Vous les grippeux, restez chez vous ! Ne vous déplacez pas."
Au moins j'ai économisé l'argent du vaccin. Toujours ça de pris. Mais je ne pensais pas que l'anniversaire de ma première année canadienne se déroulerait sous de tels auspices...

jeudi 8 octobre 2009

Bis repetita

J'attends le bus, debout adossée au panneau publicitaire. Je lis.
Du coin de l'oeil, je vois arriver tout lentement un petit pépé à casquette. Il avance, il avance, il avance. Jusqu'au moment où il se tient littéralement à trente centimètres de mon visage. Je recule un peu la tête et lève les yeux. Il hurle, avec un grand sourire: "Do you go to that church here?"

mercredi 7 octobre 2009

Ma nouvelle drogue

Ma radio... Radio Canada pour le français, CBC pour l'anglais... Et du coup je ne travaille plus. J'écoute. Et c'est bien.

jeudi 1 octobre 2009

Mon aimant à fanatiques

Tout compte fait, je pense avoir un don. Et pas n'importe lequel. Un don qui pourrait me valoir un poste en vue à la commission anti-sectes. J'attire les fanatiques. Evangélistes, scientologues, témoins de Jéhova, ils sont tous pour moi. Dans la rue, je les repère de loin. Le problème, c'est qu'eux aussi me repèrent. Ai-je vraiment l'air si naïve et innocente ? Pensent-ils vraiment que je vais gober toute leur litanie, dire amen et les suivre à la messe - au temple - je ne sais où ? Ou alors j'ai l'air vraiment bête. Et ils se disent que ça va être un coup facile, que mes trois neurones vont être submergés en deux secondes, plié vendu.
L'affaire Barbara n'était déjà pas mal. Cet après-midi d'ailleurs, en buvant un café avec Kelley, mon ancienne prof, je pleurais de rire en lui racontant les transes et exorcismes auxquels j'avais eu l'immense privilège d'assister... Mais mardi soir, je crois avoir franchi un degré supplémentaire. Mon cours de maths se terminait à 20h30 et j'ai pris le SkyTrain avec une amie, qui, comme moi, s'arrache un peu les cheveux en ce moment sur des projets à préparer en "team work". Nous parlions avec une certaine animation, et j'ai bien failli rater mon arrêt. Une fois sur le quai, j'entends quelqu'un derrière moi : "Excuse me! Excuse me!" C'est une femme qui m'interpelle. Elle était assise face à nous dans le train. "Where are you from? Your body language is very different from people here." Ah bon. Oui, je parle avec les mains, paraît-il. Nous commencons à discuter en attendant le bus. Elle connaît beaucoup les universités de la côte Est, me suggère d'aller à Boston, me parle avec intelligence des normes de communication dans le milieu du business international. Le bus arrive, nous prenons le même. Et le ton change. J'avais déjà compris à quelques détails qu'elle était juive, mais je ne m'étais pas préparée à la suite. Je ne m'attarderai pas sur les détails, car l'énervement me reprend à la simple pensée de ses mots. En somme, elle attendait de moi que je lui confirme son opinion bien arrêtée, à savoir que la France courait à sa perte car elle était envahie par les Arabes. Les émeutes, les agressions anti-juives, puis elle me raconte des histoires terrifiantes auxquelles j'ai bien du mal à croire. Accuse les Français de fermer les yeux (par peur de ces Arabes sanguinaires, bien sûr) et de laisser les Juifs se faire massacrer en toute impunité. "Do your homework, you'll see, you'll see!" "You have to learn all this, you have to understand what's going on in the world!" J'ai commencé à lui répondre, en tâchant de ne pas trop élever la voix, de maîtriser ma colère. Et plus je parlais, plus elle me regardait de haut et avec un mépris bien peu déguisé. Une fois arrivée à mon arrêt, j'ai bondi hors du bus, bouillonant de rage face à cette nouvelle preuve d'intolérance sclérosante, à ces replis identitaires qui détruisent la société, à ces guerres perpétuelles et stupides. Je n'arrive pas à comprendre comment l'on peut en arriver là. Mais je dois dire que les expériences de ces derniers mois m'ont clairement confrontée à cette réalité que je préférerais bien oublier...