jeudi 8 octobre 2009

Bis repetita

J'attends le bus, debout adossée au panneau publicitaire. Je lis.
Du coin de l'oeil, je vois arriver tout lentement un petit pépé à casquette. Il avance, il avance, il avance. Jusqu'au moment où il se tient littéralement à trente centimètres de mon visage. Je recule un peu la tête et lève les yeux. Il hurle, avec un grand sourire: "Do you go to that church here?"

mercredi 7 octobre 2009

Ma nouvelle drogue

Ma radio... Radio Canada pour le français, CBC pour l'anglais... Et du coup je ne travaille plus. J'écoute. Et c'est bien.

jeudi 1 octobre 2009

Mon aimant à fanatiques

Tout compte fait, je pense avoir un don. Et pas n'importe lequel. Un don qui pourrait me valoir un poste en vue à la commission anti-sectes. J'attire les fanatiques. Evangélistes, scientologues, témoins de Jéhova, ils sont tous pour moi. Dans la rue, je les repère de loin. Le problème, c'est qu'eux aussi me repèrent. Ai-je vraiment l'air si naïve et innocente ? Pensent-ils vraiment que je vais gober toute leur litanie, dire amen et les suivre à la messe - au temple - je ne sais où ? Ou alors j'ai l'air vraiment bête. Et ils se disent que ça va être un coup facile, que mes trois neurones vont être submergés en deux secondes, plié vendu.
L'affaire Barbara n'était déjà pas mal. Cet après-midi d'ailleurs, en buvant un café avec Kelley, mon ancienne prof, je pleurais de rire en lui racontant les transes et exorcismes auxquels j'avais eu l'immense privilège d'assister... Mais mardi soir, je crois avoir franchi un degré supplémentaire. Mon cours de maths se terminait à 20h30 et j'ai pris le SkyTrain avec une amie, qui, comme moi, s'arrache un peu les cheveux en ce moment sur des projets à préparer en "team work". Nous parlions avec une certaine animation, et j'ai bien failli rater mon arrêt. Une fois sur le quai, j'entends quelqu'un derrière moi : "Excuse me! Excuse me!" C'est une femme qui m'interpelle. Elle était assise face à nous dans le train. "Where are you from? Your body language is very different from people here." Ah bon. Oui, je parle avec les mains, paraît-il. Nous commencons à discuter en attendant le bus. Elle connaît beaucoup les universités de la côte Est, me suggère d'aller à Boston, me parle avec intelligence des normes de communication dans le milieu du business international. Le bus arrive, nous prenons le même. Et le ton change. J'avais déjà compris à quelques détails qu'elle était juive, mais je ne m'étais pas préparée à la suite. Je ne m'attarderai pas sur les détails, car l'énervement me reprend à la simple pensée de ses mots. En somme, elle attendait de moi que je lui confirme son opinion bien arrêtée, à savoir que la France courait à sa perte car elle était envahie par les Arabes. Les émeutes, les agressions anti-juives, puis elle me raconte des histoires terrifiantes auxquelles j'ai bien du mal à croire. Accuse les Français de fermer les yeux (par peur de ces Arabes sanguinaires, bien sûr) et de laisser les Juifs se faire massacrer en toute impunité. "Do your homework, you'll see, you'll see!" "You have to learn all this, you have to understand what's going on in the world!" J'ai commencé à lui répondre, en tâchant de ne pas trop élever la voix, de maîtriser ma colère. Et plus je parlais, plus elle me regardait de haut et avec un mépris bien peu déguisé. Une fois arrivée à mon arrêt, j'ai bondi hors du bus, bouillonant de rage face à cette nouvelle preuve d'intolérance sclérosante, à ces replis identitaires qui détruisent la société, à ces guerres perpétuelles et stupides. Je n'arrive pas à comprendre comment l'on peut en arriver là. Mais je dois dire que les expériences de ces derniers mois m'ont clairement confrontée à cette réalité que je préférerais bien oublier...