jeudi 8 janvier 2009

Timing parfait : mes dilemmes culturels surviennent exactement au moment où nous étudions en cours l'impact des cultures sur les relations interpersonnelles. Cela m'aide à appréhender ma situation avec plus de précision, à la comprendre aussi. Si seulement mes Japonais pouvaient eux aussi y réfléchir un peu et construire un raisonnement dans l'autre sens... Une chose essentielle, par exemple, dont je n'avais aucune idée : au Japon, comme dans de nombreux pays asiatiques, il est inenvisageable d'émettre une opinion négative, de corriger ou contredire quelqu'un, ou même de répondre « non » à une question toute simple. Même Yuko me dit avoir du mal à dire à Lily qu'elle n'aime pas les courgettes. La désapprobation s'exprime par le silence ou par une politesse en demi-mesure. Elle ne peut jamais être directe. Signaler son désaccord est considéré comme particulièrement rude, agressif, impoli. Donc me voilà devenue une personne rude, agressive et impolie, moi, le plus conciliant des êtres sur cette terre... c'est un choc. Mais j'ai compris que cette différence essentielle est pour beaucoup dans notre incompréhension actuelle. Une autre chose : en Asie, il est de bon ton de laisser un silence entre les questions et les réponses, temps de réflexion nécessaire. En Europe, le silence est négatif, nous répondons sitôt la question posée, voire avant même que notre interlocuteur ait fini. Deuxième erreur de ma part, en cours. Je n'ose plus parler. Mon attitude naturelle, aux yeux d'un Japonais, est totalement déplacée. Que faire ? Pour le moment, ma technique consiste à aller boire des cafés chez Smart Mouth et parler de futilités absolues avec les serveurs, à la manière canadienne, pas très fine, sans détours, avec moult questions directes et opinions personnelles. Ça ne résout pas mon problème, mais ça fait du bien.

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