mardi 26 janvier 2010

Jeunesse décadente

Je suis installée à la table d'un café, mon gros livre de logistique largement étalé sur la table. J'ai commencé ce matin, mais le besoin d'un petit remontant se fait sentir. Et la pause de cinq minutes accompagnée d'un petit tour à l'air frais étaient bien nécessaires. Café donc, la pause / non-pause traditionnelle de mon emploi du temps. Changement de décor, mais permanence de l'activité, logistique donc.
Presque deux heures plus tard, je commence à plier mes affaires. Et le monsieur d'à côté, la cinquantaine, cheveux longs, chapeau de Crocodile Dundee, affairé sur son ordinateur portable, me lance sans même vraiment me regarder : "And that's all the studying you're going to do today..." sur un ton désabusé, comme s'il constatait toujours et encore la déchéance absolue de notre jeunesse d'aujourd'hui.
Eh, tu m'as bien regardée ?

vendredi 22 janvier 2010

Pour Haïti

Cet après-midi, j'ai passé mon baptême de call center. Cinq heures dans une grande salle pleine de petits cubes. La mission : recueillir les dons pour les équipes de la Croix-Rouge en Haïti. Après un petit cafouillage de départ qui nous fit attendre deux heures que nos lignes soient ouvertes, les appels se sont enchaînés, enchaînés, enchaînés... Et bien sûr, obstacle majeur, puisque j'étais en mission francophone, les accents... Le mien, le leur.

"Téléthon Ensemble pour Haïti, bonsoir..."
- Ah oui bonjour, j'voudrais donner pour Haïti. Cin' dollars s'il vous plaît.
- Cent dollars, oui monsieur.
- Nan !!! J'ai dit cin' dollars pas cent !
- Oh excusez-moi ! Cinque dollars donc. Vous souhaitez payer par carte Visa ou Mastercard?
- En espèces !
- Je suis vraiment désolée, mais je ne peux accepter des paiements que par carte de cré..
- Oh c'est pas possible, hein !
Bip bip bip...

A peine le temps d'avaler ma salive entre deux appels ("vas y, gloups, c'est le moment"), certains ont la voix qui tremblent, d'autres me parlent de leurs petits-enfants qui ne peuvent pas se rendre compte. Deux vieilles soeurs qui vivent ensemble, "attendez mademoiselle, attendez... Je vous passe ma soeur, d'accord...". Beaucoup de personnes âgées qui ont du mal à m'entendre : j'appuie le demi-casque contre mon oreille, je rapproche le micro, je lève la voix. Tous autour de moi dans la salle font de même. C'est un brouhaha impossible, tout le monde se met à crier pour surmonter la voix du voisin, anglophone ou francophone. Beaucoup de questions : comment paraîner un enfant, dans combien de temps les fonds arriveront-ils, les compagnies de carte de crédit prélèvent-elles leurs parts, qui sommes-nous exactement?
Le Québec est touché au plus profond. A la fin, j'ai honte de me sentir si épuisée. Que les dons continuent...

Le lien pour la Croix Rouge...

mercredi 6 janvier 2010

Ô ronfleurs bienheureux

Et même le voisin de l'autre côté du mur a entrepris de me narguer... Il ronfle bienheureusement. Deux heures du matin passées, yeux grands ouverts, je médite l'achat d'une lampe frontale pour lire tranquillement au lit, aux petites heures de la nuit. Pas sommeil. Le soir du moins. Car en journée, j'en sens immédiatement les effets. Des semaines que cela dure. Au choix, deux formules s'offrent à moi : 1. Comme ce soir, je ne m'endors pas. Tout simplement, ai-je envie d'écrire, si c'était effectivement si simple... 2. Je m'assoupis presque aussitôt couchée, mais voilà que sur le matin, dès quatre heures généralement, mon cerveau se lance dans une activité onirique tout inédite. Jamais je n'ai autant rêvé. Songes entrecoupés de demi-réveils, me voilà immédiatement repartie dans une histoire rocambolesque. Au matin, épuisée, je ne garde que des images, parfois un sourire à la pensée d'une péripétie absurde (faire l'ascension du Mont Blanc en tongs; gravir un magnifique château-fort couvert de mousse à l'aide de mes petits doigts...).
Deux heures quinze précisément. A sept heures vingt, le réveil sonnera. Radio-Canada pendant dix secondes, avant qu'une main ensuquée ne cogne violemment le réveil pour faire taire tout ce beau monde. Demain, mercredi, c'est yoga. Yoga tôt. A huit heures trente. Et je ressens déjà toute la souffrance du lever.
Allez, ma tête, allez, mon corps. Dodo. J'ai les yeux grands ouverts et dans le noir je regarde le plafond. A ma gauche, ça dort. A ma droite, de l'autre côté du mur, ça ronfle toujours. C'est dégueulasse.