mercredi 30 septembre 2009

Le dilemme du poulet KFC

Situons un peu la chose : j'ai passé le week-end dernier à rédiger toute seule une étude de cas supposée être élaborée en groupe. Passons sur le côté pénible des incessants messages: "Euh, y-a-t-il quelqu'un pour répondre ? vous avez des idées ? un mot ? une lettre ?" L'étude de cas en question portait sur la présence des acides gras trans dans l'industrie alimentaire, et les fast foods en particulier. Les trans fats sont ces choses délicieuse qui bouchent insidieusement les artères des fans de McDo, ou tout simplement de ceux qui ne lisent pas ce qu'il y a écrit en bas de l'étiquette, tout petit petit. Vous et moi en somme. J'ai donc passé des heures délicieuses sur les sites de McDo, KFC, Kraft, etc. Du gras, du gras, du gras. Moi qui n'aime que les bonnes choses, toutes naturelles et fraîches !
Mais voilà que depuis dimanche soir, ma propriétaire, une Japonaise adorable qui loge au rez-de-chaussée, m'apporte rituellement ceci :


Oui, une assiette de poulet KFC. Ce soir, je suis rentrée de cours à 22h30 passées... A peine cinq minutes après, j'entends un toquement délicat à ma porte. J'ouvre et me trouve nez-à-nez avec le poulet odorant. "Oh my god, you're so nice! But it's too much, I can't eat all that! you're so sweet!" Quoi dire, quoi faire ? Comme je n'aime pas trop gâcher les aliments, les soirs précédents j'avais entrepris d'éplucher le poulet de toute sa friture et de planquer celle-ci bien au fond de la poubelle. Cela dit, on se rend compte comme ça que le poulet KFC sans le graillou tout autour, en gros, c'est du carton. Mais franchement, revenu à la poele avec des oignons, des courgettes et des mini aubergines locales, ça passe...

mardi 22 septembre 2009

Quand y en a plus, y en a encore (parlant des évangélistes)

L'emplacement est stratégique - le résultat certainement de mon écoute attentive lors de mes derniers cours : "location, location, location". Oui, le secret est là. Plusieurs rues tranquilles, les commerces ni trop loin ni trop près (très utile en ce qui concerne le management efficace des stocks du frigo : "boh, allez, il m'en reste encore un peu, j'irai faire les courses plus tard... et puis il pleut de toute façon") et rien moins que trois bus pour m'emmener où je veux : le 3 et le 8, de part et d'autre de chez moi pour aller en centre-ville, et puis le délicieux 25, direct entre chez moi et Burnaby, où ont lieu deux de mes cours du soir. Délicieux, dis-je, parce que mon cours se termine à 21h45 et le bus passe à 21h48. Le prochain étant à 22h20. Et comme toujours, je suis frileuse, l'automne a à peine débuté et je gèle déjà sur pied en l'attendant.
Hier, j'ai été récupérer quelques provisions intellectuelles à la bibliothèque et pris le bus 8 pour rentrer. Il descend Main Street, tourne sur Broadway, puis reprend Fraser Street jusqu'à la 19e avenue, où je descends. Mais brusquement, au coin de Fraser et Broadway, que vois-je ? Oui, la Canadian Biblical Society. Où travaille Barbara. A trois minutes de chez moi, donc. Je vais peut-être arrêter de prendre le 8 finalement, même s'il me dépose plus près de la maison, et me contenter du 3...

vendredi 11 septembre 2009

Chez moi ? on croise les doigts...

Chez moi, c'est une maison. Cela fait bien dix ans que ça ne m'était pas arrivé.
Pour la trouver c'est simple : marcher sur les empiècements inégaux du trottoir ou sur l'herbe, quand il ne pleut pas. Descendre la rue, dépasser la maison aux statuettes des Sept Nains sur la droite, un peu plus loin, encore des nains - mais ils sont tous pareils ceux-là. A chaque fois, je cherche Blanche-Neige, mais ils ont dû l'oublier. Il n'y a que les deux chevaux du Prince charmant de chaque côté de la porte. On continue. Dépassez St. George St. et vous trouverez une boîte à savon rose fushia à un étage. Voilà. On entre dans un tout petit salon sombre, on monte les escaliers (en moquette, pour peu je me croirais en Ecosse). Sur le palier, on repasse sur du parquet. Là, il y a quatre portes : une salle-de-bains et trois chambres. En face, c'est la cuisine, tout ouverte, donnant sur un salon et deux gros canapés. De là, on peut sortir sur le balcon où trône un énorme barbecue (énorme, comme "américain") et deux gros fauteuils dans lesquels on peut s'enfoncer pour lire avec bonheur... J'y ai passé une partie de cet après-midi... Ma chambre, elle donne sur le salon. J'ai une toute petite salle-de-bains privée, le luxe. Pour le moment, je n'ai pas vraiment de quoi occuper tout l'espace et les murs me paraissent bien blancs, mais je m'en fiche un peu. Je garde la porte ouverte tout le temps. Je me réhabitue progressivement à sentir que, non, je ne dérange personne. Que j'ai le droit d'écouter ma musique sans écouteurs, de regarder des films dans le salon. De vivre, en somme.
A l'étage, nous sommes cinq. Le mot d'ordre : discrétion et gentillesse. On ne se marche pas sur les pieds, mais si l'on a besoin de quelque chose, il y a toujours quelqu'un. Je me verrais bien rester ici un bon moment...

mardi 8 septembre 2009

Retour à Vancouver

Dans l’avion du retour, je me suis fait un torticolis à force de vouloir à tout prix regarder par le hublot… Les montagnes, les montagnes… Il me fallait les voir, le plus vite possible. Au fond de l’estomac, un sentiment étrange, une excitation qui montait peu à peu, l’idée désormais évidente que je rentrais chez moi. Les journées à Paris furent agréables, la ville est belle, me disais-je sans cesse. Mais voilà, je n’y suis pas à l’aise, je m’y sens toujours plus étrangère. Quelque chose ne cesse de s’interposer entre elle et moi. Elle ne me touche pas. Elle n’est plus qu’un morceau de mon passé dans lequel je ne me reconnais pas. Alors qu’ici, bien au contraire, l’espace s’ouvre tout entier, la lumière me fascine et mes synapses à bonheur s’activent frénétiquement…

Jeudi matin, levée avant 6 heures. Les gestes machinaux, le sac-à-dos bien attaché, un dernier trajet en RER. Premier avion pour Amsterdam, je fais le plein de journaux, j’achète Alternatives Economiques et Glamour. Parce que quand même, il faut un peu d’équilibre dans cette vie. Le petit-déjeuner dans l’avion est frugal, mais cet étrange fromage fumé hollandais me plaît bien. Cinq heures d’attente à l’aéroport, de quoi me prendre un grand café et de lire, d’écrire un peu aussi. J’aurais bien voulu faire la sieste, mais aucun lieu ne s’y prête vraiment. Je regarde avec envie un monsieur à barbiche somnoler sur la chaise à côté, le menton sur la poitrine. Il a l’air de dormir vraiment. Je me demande comment il fait.
Je repasse les portiques de sécurité. J’en ai un peu marre de sortir à chaque fois mon ordinateur portable. La place dans mon sac à main est plus que limitée, c’est une belle organisation que de faire tenir tout cela. Je me retrouve toujours accroupie derrière les moniteurs pour réorganiser tout ce fatras. Et puis je finis par m’installer. Neuf heures et quelque de vol. J’ai regardé des films, somnolé un peu. Même pas le temps de lire Glamour. Petit à petit, la joie s’installe. L’euphorie. Rentrer. Cette fois, je ne me suis pas fait avoir : j’ai doublé un max de gens à la sortie de l’avion pour ne pas faire la queue une heure à l’immigration. Questions habituelles : que faites-vous ici ? qu’étudiez-vous ? pourquoi avez-vous quitté le Canada ? Bouledogue. Petite excitation futile de l’arrivée : je peux tester la nouvelle ligne de SkyTrain, qui va m’emmener directement chez Raphaël qui m’héberge pour quelques jours. Finie, l’heure pénible de bus qui se traîne. En centre-ville en quinze minutes. A peine arrivée, je me suis effondrée sur le canapé. J’étais levée depuis plus de vingt heures.