jeudi 30 juillet 2009

Dernière soirée





Que pouvais-je demander de mieux : une dernière soirée sur la plage, mode sardine, pour le troisième spectacle de la compétition de feux d'artifices. Après le Canada la semaine dernière (magique, sur la musique du Magicien d'Oz) et l'Afrique du Sud samedi soir (qui a dû faire face à la rude concurrence d'un orage dont les esprits locaux ne se sont pas encore remis, le "tout le monde en parle" actuel - voir ici, ou ), ce soir, la Grande Bretagne était en lice. A mon sens, ils ont vidé les stocks de Buckingham et tout jeté en vrac sans vraiment faire attention à la musique, mais, comme on dit, "c'était joli".




mercredi 29 juillet 2009

L'autre côté

Hier soir, comme dimanche, j’ai dîné dans un délicieux restaurant végétarien sur Main Street, The Foundation. Pour revenir ensuite downtown, j’ai pris le bus de la ligne 8, qui remonte Main et traverse le Downtown Eastside (comprenez : l’autre Vancouver, là où se concentre toute la misère, que l’on a tendance à oublier lorsque l’on vit de l’autre côté, comme toujours) avant de revenir dans le cœur « officiel » de la ville. Tard, les rues sont pleines de ceux qui n’ont de toute façon pas de bout de toit à se mettre au-dessus de la tête. Il n’est pas rare d’y croiser les flics garés en biais sur le trottoir, lumières violentes. Le chauffeur de bus n’ouvre pas forcément ses portes aux arrêts, il vérifie d’abord. Clochards, drogués, prostituées, infirmes. Bousculades par endroits, rassemblements aux pieds de certains immeubles en ruines. La nuit rien n’est calme. Hier soir donc, pour la deuxième fois, je regardais tout cela avec malaise, parce que l’on ne se rend plus compte de ce qui existe ici. Malaise et non peur, car une chose est constante : les gens ne sont pas agressifs. Les vagabonds du centre-ville continuent de s’adresser à vous calmement, poliment presque, ceux qui crient ne crient pas sur les passants, je n’ai jamais vu le moindre signe de violence ou d’agression. Bien sûr, il doit y en avoir aussi, je le sais bien.
Dans ce paysage de misère, dans ce bus étrange, je me suis rendue compte avec un certain amusement que la seule femme habillée avec une certaine coquetterie était en fait… un homme. Asiatique, les cheveux mi-longs lui tombaient sur les épaules. Elle portait une jupe verte étroite et un joli haut à rayures rose pâle qui lui dénudait les épaules. Dans le pli du coude, son sac à main. Elle est montée dans le bus avec un large sourire, gratifiant le chauffeur d’un « Hi honey ! » joyeux. Son rire était incroyablement contagieux et ressemblait un peu à une chute de xylophone… Moi j’étais assise tout à l’arrière, à côté des portes. Une grande femme très maigre est venue s’asseoir à côté de moi. Elle portait un large t-shirt noir et un short très court. Traits marqués, visage en ruines. Elle me touche le bras : « Did you see that boy ? Just got off… Did you see how he was looking at you ? » Moi je n’avais rien vu, trop occupée à observer l’extérieur. « Ya know, I don’t like it when people look like that. I don’t like the way he was lookin’ at you. That’s not polite. This boy, he was not a gentleman. Nope. Not a gentleman. He can’t look at you like you’re just a thing ya know, he can’t do that. » Nous avons parlé quelques instants, puis elle s’est levée pour descendre à l’arrêt suivant, tout comme la femme asiatique que j’ai entendu lancer à un homme assis plus à l’avant : « Well, honey, that’s my life ! » Elle s’est approchée des portes arrière et s’est exclamé en rigolant, ses yeux pétillants plantés dans les miens et remontant sa petite poitrine : « What a heat ! My silicone’s melting ! » J’ai éclaté de rire, elle plus encore, puis elle m’a fait un petit signe de la main en descendant : « Bye love… »

mardi 28 juillet 2009

Sacs, sacs, sacs

Le déménagement le plus rapide du monde, décision prise en deux temps trois mouvements, mais il est vrai que dans les profondeurs de ma tête, je savais bien depuis longtemps qu'il allait falloir sauver mon âme, très précisément. Dans le fond, déménager encore une fois, ne pas savoir où je vais loger à mon retour de France, tout cela est un peu désagréable. Mais c'est le jeu des colocations, je suppose. Des heures passées sur Craigslist à chercher une chambre pour septembre, des dizaines de mails envoyés, pour des résultats médiocres. Je reprendrai tout cela dans un mois.
Mes quelques jours passés à Victoria, sur l'île (voir ici), ont remis les choses en perspective. Du soleil, une rencontre avec une personne magnifique, des repas délicieux, des discussions sans fin : épaules qui se détendent, j'oublie le stress de l'appartement, le sentiment de ne pas être à ma place... Petits moments qui donnent envie d'être chez soi - et qui montrent que cette chambre où je suis encore est tout sauf un chez-moi.
Lorsque j'aurai un peu moins honte de mes mensonges, je raconterai plus en détail mes derniers jours avec Barbara... car, comme elle le dit, je dois désormais vivre avec ce poids sur ma conscience. Oui oui.

mardi 21 juillet 2009

Ma vie avec une évangéliste



J’en parle souvent, je m’en plains souvent, je sais, mais dans mes bons moments, j’arrive à trouver ma vie avec une évangéliste plutôt drôle. Même si, dans le fond, tout cela reste plutôt inquiétant. Vraiment inquiétant. Je ne sais même pas par où commencer…

Il y a eu les séances cinéma avec ses amies, visionnage de documentaires sur l’évangélisation des petits Africains (les « païens », selon ses termes), et Dieu qui doit venir les sauver de leur violence naturelle, les ramener dans la voie de la paix et de la foi. A côté de ce genre de propos et d’idées, les débats bibliques entre amies sur tel ou tel verset me paraissent plutôt bon enfant.
Régulièrement, elle essaye de me persuader d’aller à l’église avec elle. L’idée est la suivante : c’est Dieu qui m’a envoyée à elle, qui a fait en sorte que je trouve cet appartement. La fin du monde est proche et le Seigneur rassemble ses troupes, si j’habite ici, c’est qu’il veut que je revienne dans son giron, parmi ses enfants. Car Dieu m’aime, paraît-il. Il m’aime tellement ! Elle me l’a encore répété tout à l’heure. Avec grands mouvements de bras et sourire lumineux/illuminé.
En ce moment, elle ne travaille pas. Elle est « en prière ». Moi j’appelle ça glander : elle reste dans son lit à lire la Bible, mange, dort, appelle ses amies. Elle marmonne. Elle prie dans « une langue qui n’existe pas », dont elle dit ne pas comprendre le sens, mais qui lui est insufflé par l’esprit divin. Vous vous souvenez des scènes rituelles dans Indiana Jones et le Temple maudit ? Pareil. Je l’ai entendue raconter à une amie qu’elle attendait un signe de Dieu pour savoir si elle devait continuer à travailler ou pas. Je trouve ça plutôt sympa comme situation, je suis certaine que tout le monde aimerait pouvoir attendre un signe divin et se tourner les pouces dans l’intervalle.
Il n’y a pas longtemps, elle était amoureuse. Mille et une questions se posaient sur le niveau de spiritualité de l’homme en question, car évidemment, il faut que les niveaux soient compatibles… C’est là que certains livres sont absolument indispensables, tel le désormais fameux God’s Design for Christian Dating. C’est un peu Mars et Vénus sous la couette, sans la couette.



Mais ce week-end, ce fut la catastrophe. Je n’ai pas encore tous les détails de l’affaire, mais toujours est-il que lorsque je suis rentrée samedi soir, elle était en train de se balancer dans son lit et répétait sans fin « Jesus save me, Jesus save me ». Le lendemain, elle m’a expliqué que Dieu lui avait montré que cet homme n’était pas pour elle, et que ses sentiments lui étaient donc inspirés par le Diable. C’est ballot quand même.
Et cet après-midi, rentrée malheureusement un peu plus tôt que prévu, je l’ai surprise, la musique à fond, plantée au milieu du salon, les bras levés, et hurlant (littéralement) « Praise for Jesus ! Praise for Jesus ! ». Je l’entendais depuis le couloir, dès ma sortie de l’ascenseur.

Plongée intéressante dans le monde du fanatisme. Heureusement pour moi que je suis têtue : ça a parfois ses avantages.

jeudi 9 juillet 2009

Le bonheur de la photo

Depuis avril, j'ai un nouvel appareil, un petit bijou que je balade partout avec moi et que j'apprivoise petit à petit. Et maintenant que j'ai du temps, j'apprends aussi à peaufiner les images sur l'écran de l'ordinateur, je teste, je compare, j'y reviens. Processus inodore, oublié le risque de tremper la pince du bain d'arrêt dans le révélateur, le contact du papier me manque, mais je retrouve enfin tout le plaisir de la photo... Depuis quelques jours, j'ai entrepris de convertir certaines images en noir et blanc, pour faire émerger les formes à nouveau et voir autrement. Je crois que mon oeil reste fidèle au contraste, je n'ai pas encore maîtrisé les couleurs.

Aujourd'hui je suis repartie marcher un long moment dans Lynn Park, en prenant des chemins différents de ceux empruntés lundi. J'ai grimpé vers le sommet, puis suis revenue dans la boucle du Cedars Mill Trail, à couvert, comme toujours. Ces forêts ont quelque chose de démesuré, d'irréel, d'inquiétant parfois... Les arbres semblent d'une hauteur infinie, d'immenses souches trônent à tout endroit, les troncs abattus dessinent des lignes géométriques étonnantes. Ce sont les formes que je regarde ici sans m'en lasser.





mardi 7 juillet 2009

Lynn Headwaters Regional Park

Depuis deux jours, il pleut à nouveau. La vue de ma fenêtre est toute brouillée et je ne vois qu'à peine les bateaux. Un temps à rester derrière la fenêtre d'un café, lire et évaluer le degré d'humidité des chaussures des gens sur le trottoir. Hier matin, après une nouvelle nuit d'insomnie, c'était mal parti. Et puis Raphaël a appelé, et je me suis rendue compte que si je ne me forçais pas à sortir, j'allais passer la journée à dormir et à me maudir ensuite. Direction le pont suspendu de Lynn Canyon. Le projet : une petite balade et un tour sur le pont. Le résultat : pont fermé pour travaux d'entretien, nous commençons à marcher dans le parc et, de fil en aiguille, poussons de plus en plus loin, et montons jusqu'à la cascade (toute petite petite) de Norvan Falls. Il pleut toujours, le chemin se remplit de flaques. J'essaye de prendre des photos en emballant l'appareil dans un sac plastique et en faisant passer le bout de l'objectif par l'anse... Il va falloir que je trouve un système plus pratique si je veux pouvoir continuer à prendre des images dans ce pays de pluie. Retour à la voiture cinq heures plus tard, l'estomac hurlant, les jambes en coton et le sourire sur les lèvres.




samedi 4 juillet 2009

A pied, et ça n'est que le début

Hier, j'ai marché plus de quatre heures sur la côte, de petits chemins en allées larges, sur la route, au bord de la plage, le long de jardins fabuleux. J'ai même cru parfois être en Norvège...
Itinéraire: de Horseshoe Bay (d'où partent les ferrys pour Vancouver Island) jusqu'à Sandy Cove, en passant par Whytecliff park, Fisherman's Cove, Eagle Harbour and Caulfield Cove.

vendredi 3 juillet 2009

Retour sur Terre

Je reviens, je reviens... après des semaines de silence et de dur travail. Désolée à tous ceux à qui je n'ai pas répondu, pas écrit. Désolée pour ce blog qui est resté désespérément muet, mais les semaines qui viennent de passer furent bien remplies et jongler avec deux blogs n'est pas chose facile. Pia sait à quel point j'ai peiné à poster régulièrement sur BookTravellers, sans parler donc de celui-ci...
Ce que j'ai fait:
- étudié, étudié, étudié...
- des maths à la pelle
- de l'économie à ne plus savoir qu'en faire - ou plutôt si, lire des monceaux d'articles de journaux sur Internet, et m'énerver, m'indigner de plus en plus et en plus, parce que je comprends enfin les subtilités de ce qui se passe ici ou là, en France, en Amérique du Nord et au-delà
- cours de commerce international, un dossier de 40 pages sur l'Argentine - et mon document qui explose en vol trois jours avant la date de rendu
- comme cela ne suffisait pas, j'ai aussi décidé de me rajouter un cours intensif sur une semaine, totalement épuisant : mid-term exam le mercredi, final exam le vendredi... comme si j'avais le temps de tout assimiler si vite !
- j'ai bu beaucoup de cafés dans mon Thermos vert, avec du lait (changement moléculaire de ma personne : je déteste le lait - je détestais le lait, plus exactement, et maintenant je m'enfile de grands verres avec délectation... étrange)
- j'ai affronté ma coloc et ses délires mystiques - l'autre jour elle m'a expliqué qu'elle priait dans une langue qui n'existe pas et qu'elle ne comprend même pas, insufflée par l'esprit divin
- je fais une overdose de salade d'épinards
Depuis hier, je suis en vacances, et j'ai bien l'intention d'en profiter... J'aurai donc plus de temps pour écrire, lire, me promener ici ou là (j'ai déjà croisé un serpent lundi, moi qui m'étais préparée aux ours, il m'a prise par surprise).