mardi 21 juillet 2009

Ma vie avec une évangéliste



J’en parle souvent, je m’en plains souvent, je sais, mais dans mes bons moments, j’arrive à trouver ma vie avec une évangéliste plutôt drôle. Même si, dans le fond, tout cela reste plutôt inquiétant. Vraiment inquiétant. Je ne sais même pas par où commencer…

Il y a eu les séances cinéma avec ses amies, visionnage de documentaires sur l’évangélisation des petits Africains (les « païens », selon ses termes), et Dieu qui doit venir les sauver de leur violence naturelle, les ramener dans la voie de la paix et de la foi. A côté de ce genre de propos et d’idées, les débats bibliques entre amies sur tel ou tel verset me paraissent plutôt bon enfant.
Régulièrement, elle essaye de me persuader d’aller à l’église avec elle. L’idée est la suivante : c’est Dieu qui m’a envoyée à elle, qui a fait en sorte que je trouve cet appartement. La fin du monde est proche et le Seigneur rassemble ses troupes, si j’habite ici, c’est qu’il veut que je revienne dans son giron, parmi ses enfants. Car Dieu m’aime, paraît-il. Il m’aime tellement ! Elle me l’a encore répété tout à l’heure. Avec grands mouvements de bras et sourire lumineux/illuminé.
En ce moment, elle ne travaille pas. Elle est « en prière ». Moi j’appelle ça glander : elle reste dans son lit à lire la Bible, mange, dort, appelle ses amies. Elle marmonne. Elle prie dans « une langue qui n’existe pas », dont elle dit ne pas comprendre le sens, mais qui lui est insufflé par l’esprit divin. Vous vous souvenez des scènes rituelles dans Indiana Jones et le Temple maudit ? Pareil. Je l’ai entendue raconter à une amie qu’elle attendait un signe de Dieu pour savoir si elle devait continuer à travailler ou pas. Je trouve ça plutôt sympa comme situation, je suis certaine que tout le monde aimerait pouvoir attendre un signe divin et se tourner les pouces dans l’intervalle.
Il n’y a pas longtemps, elle était amoureuse. Mille et une questions se posaient sur le niveau de spiritualité de l’homme en question, car évidemment, il faut que les niveaux soient compatibles… C’est là que certains livres sont absolument indispensables, tel le désormais fameux God’s Design for Christian Dating. C’est un peu Mars et Vénus sous la couette, sans la couette.



Mais ce week-end, ce fut la catastrophe. Je n’ai pas encore tous les détails de l’affaire, mais toujours est-il que lorsque je suis rentrée samedi soir, elle était en train de se balancer dans son lit et répétait sans fin « Jesus save me, Jesus save me ». Le lendemain, elle m’a expliqué que Dieu lui avait montré que cet homme n’était pas pour elle, et que ses sentiments lui étaient donc inspirés par le Diable. C’est ballot quand même.
Et cet après-midi, rentrée malheureusement un peu plus tôt que prévu, je l’ai surprise, la musique à fond, plantée au milieu du salon, les bras levés, et hurlant (littéralement) « Praise for Jesus ! Praise for Jesus ! ». Je l’entendais depuis le couloir, dès ma sortie de l’ascenseur.

Plongée intéressante dans le monde du fanatisme. Heureusement pour moi que je suis têtue : ça a parfois ses avantages.

3 commentaires:

the_young_dude a dit…

Pétée de rire..

julie a dit…

Moi aussi, dans une semaine, quand je serai loin...

G-Bee a dit…

Hum...Bonjour Julie, a la lecture de ton post je suis un peu inquiete, j'ai comme l'impression que je vais bientot vivre avec ton ancienne roommate...Damn!